Les vestiges paléolithiques découverts dans la vallée de l’Orkhon indiquent une occupation dès la fin du Pléistocène. L’outillage lithique atteste d’un mode de subsistance fondé sur la chasse aux grands mammifères et la collecte saisonnière. Avec l’Holocène, il apparaît une transition vers l’élevage transhumant tandis que l’arc et le cheval, domestiqués respectivement vers le VIIe et le IVe millénaire avant l’ère commune, établissent un modèle de vie mobile.
Dès le IIIe siècle avant l’ère commune, la steppe se fédère sous la bannière xiongnu. Dirigé par le chanyu Modu, cet ensemble politique oppose la cavalerie légère aux murailles han et inaugure un système diplomatique combinant mariages princiers, tributs et commerce caravanier. Les sources chinoises décrivent une armée divisée en unités décimales, structure reprise plus tard par les khans turcs puis mongols. Le déclin résulte autant des guerres internes que des migrations successives vers l’ouest.
Au VIe siècle, les Ashina établissent le khaganat turc qui contrôle l’essentiel de la steppe jusqu’à la Caspienne. L’administration repose sur des biligs (décrets) consignés en alphabet runiforme, premier témoignage écrit des langues altaïques. Le khaganat se fragmente au début du VIIIe siècle sous la pression tang et les révoltes internasales.
L’élite ouïghoure succède aux Turcs et implante sa capitale à Karabalghasun. Les manichéens, protégés par les khagans, instaurent une vie culturelle cosmopolite. Après la chute de 840 due à des incursions kirghizes, nombre d’Ouïghours migrent vers le Gansu et la vallée du Tarim, laissant la steppe centrale sans autorité durable jusqu’au XIIe siècle.
Né Temüjin vers 1162, l’ancêtre direct des Borjigin unifie les tribus sous un quriltay de 1206 qui le proclame Gengis khan. Le Yassa, code juridique oral, standardise la collecte d’impôts, l’organisation militaire décimale et la messagerie yam. Les campagnes contre les Jin, les Xia occidentaux puis les Khwârazmides transforment un royaume tribal en empire transcontinental.
Sous Ögödei khan, Karakorum devient centre administratif tandis que la cavalerie composite atteint la Vistule et la mer du Japon. Les secrétaires ouïghours introduisent l’écriture mongole verticale, facilitant les dépêches multilingues. La pax mongolica garantit la sécurité des caravanes, stimulant l’échange de soie, d’obsidienne et de textes scientifiques persans.
Après Möngke, la querelle entre Ariq Böke et Kubilaï fragmente l’empire en quatre entités : Yuan en Chine, Ilkhanides en Iran, Chagataïdes en Asie centrale et Horde d’Or en Eurasie septentrionale. Chacun adapte l’administration à son contexte sédentaire, intégrant vizirs persans, mandarins han ou princes russes.
L’uniformisation des poids, la codification des passeports paizi et la protection judiciaire attirent marchands génois, nestoriens et soufis. Marco Polo décrit Karakorum comme un carrefour où l’on échange pierres précieuses de Badakhshan et fourrures de Sibérie.
Les Mongols oïrats et khalkhas rivalisent pour le contrôle des pâturages. Ligden khan tente de restaurer l’autorité borjigid mais se heurte à la montée des Jurchens, futurs Qing. La propagation du bouddhisme tibétain remplace largement le chamanisme, offrant au khan un outil idéologique face aux divisions tribales.
Après 1691, les Khalkhas prêtent allégeance à Kangxi. Les Qing instaurent le système des quatre ligues et quarante-neuf bannières, limitant les migrations inter-bannières et interdisant l’agriculture han dans la steppe afin de protéger l’économie pastorale. Les princes mongols conservent des droits héréditaires mais relèvent d’un amban impérial.
L’introduction de l’argent mexican et l’ouverture de foires à Kyakhta connectent la steppe au commerce russe. Les lamaseries deviennent des centres d’enseignement où l’on copie des sutras tibétains sur papier importé de Pékin. Le taux d’alphabétisation monastique dépasse celui des laïcs, favorisant une élite littéraire multilingue.
La chute des Qing permet au huitième Jebtsundamba khutuktu de proclamer un khanat théocratique. Des officiers cosaques entraînent les premières unités régulières face aux troupes fidèles à la république chinoise. L’accord tripartite de Kyakhta (1915) reconnaît l’autonomie interne mais maintient la suzeraineté de Pékin.
Après l’assassinat de Sükhbaatar et la disparition du Bogd, le Grand Khural instaure une république orientée vers Moscou. Le parti révolutionnaire mongol adopte un programme de collectivisation partielle, alphabétise en alphabet latin puis cyrillique et lance la première université d’État à Oulan-Bator.
Les plans quinquennaux privilégient l’extraction de cuivre à Erdenet et la création de combinats lainiers. L’URSS finance des lignes électriques haute tension et des routes bitumées reliant Darkhan à la capitale. La vaccination généralisée réduit la mortalité infantile tandis que la sédentarisation volontaire modifie la démographie urbaine.
Le théâtre national introduit des pièces russes traduites en mongol, alors que les poètes davaa promeuvent une identité socialiste steppique. Les écoles primaires atteignent des taux d’inscription supérieurs à 90 %. L’écriture traditionnelle reste enseignée en option, assurant la transmission patrimoniale.
À Oulan-Bator, des étudiants rassemblés sur la place Sükhbaatar réclament le multipartisme. Le parti unique accepte la révision constitutionnelle, ouvrant la voie à des élections libres. La Banque mondiale fournit un programme de convertibilité du tögrög tandis que de nouvelles ONG favorisent la presse indépendante.
Le texte fondamental instaure un régime semi-présidentiel, garantit la propriété privée et encourage l’exploitation minière avec des contrats de partage de production. La protection de l’environnement se heurte à la hausse des industries extractives, en particulier à Oyu Tolgoi où cuivre et or alimentent 30 % des recettes d’exportation.
Le secteur minier représente près de 25 % du PIB. L’initiative « Route de la prairie » vise à diversifier vers l’élevage intensif et le tourisme de steppe. Les accords avec la Banque asiatique de développement financent des parcs éoliens dans le Gobi pour réduire la dépendance au charbon.
Pour atténuer l’influence sino-russe, Oulan-Bator développe des partenariats stratégiques avec Washington, Tokyo et Canberra. Les exercices militaires Khaan Quest améliorent l’interopérabilité avec les forces de l’ONU tandis que la politique de neutralité active favorise les projets d’infrastructure régionale.